Histoire : Anthony Riddan était un mari et un père souvent absent. Trop. Son fils de trois ans, Jonathan ne se plaignait pas, habitué, mais sa femme, Lysa, ne ratait jamais une occasion de le faire. Son mari était un homme d’affaire important, il partait souvent en voyage et rentrait fatigué, il n’avait donc pas le temps de satisfaire les besoins affectifs de sa femme et négligeait souvent son fils. Lysa était une jeune femme capricieuses, exigeante, et l’absence de son cher et tendre n’arrangeait en rien son besoin constant de se faire aimer et chouchouter. Alors elle décida de se faire aimer et chouchouter par quelqu’un d’autre, un jeune Sorcier de Sang Pur, comme elle.
Elle ne connaissait que son prénom. Elle ignorait son âge, mais il était bien plus jeune qu’elle, ça c’était sûr. Elle lui donnait vingt, vingt et un ans. Mais il était doux, attentionné, et il savait lui faire les compliments qu’elle avait toujours rêvé d’entendre.
« Ca va ma chérie ? demanda Anthony au travers de la porte des toilettes.
- Oui ! s’écria Lysa avant de se pencher par au-dessus des toilettes pour vomir. Les mains crispées dans ses cheveux, les traits crispés dans une grimace de douleur.
- Lysa, ouvre-moi s’il te plaît.
- Non ! C’est bon, laisses-moi tranquille !
- Lysa, OUVRE !
La jeune femme se redressa péniblement, et ouvrit la porte. Son mari s’avança, visiblement inquiet.
- Tu as des nausées ?
Son épouse ne répondit pas et baissa la tête. Oui, elle avait des nausées, ce n’était pas nouveau, cela faisait plusieurs semaines maintenant, et elles étaient vraiment violentes. Anthony regarda sa femme avec un air soupçonneux.
- Depuis combien de temps ?
- …
- Lysa, réponds.
- Quelques semaines, mais ce n’est rien, juste un peu de fatigue, ne t’inquiète pas, je dois avoir attrapé un virus !
- Ne te moque pas de moi, Lysa. Cela fait deux jours que je suis rentré, et tu sembles me fuir, tu me caches quelque chose. Tu n’as jamais su mentir. Tu es épuisée, et en plus de cela, tu as des nausées. Pourquoi, Lysa ? Pourquoi me fais-tu cela ?
La jeune femme se mit à pleurer et enfouit son visage dans ses mains, mais son mari lui empoigna le bras avec force, avant de la gifler.
- Lâche-moi, Anthony !
- Pourquoi m’as-tu fait ça, LYSA ?!
- Parce que tu as toujours été trop absent ! s’écria-t-elle en le défiant du regard. Depuis que nous sommes mariés, tu n’as plus un seul geste tendre envers moi ! J’ai fais l’éducation de Jonathan toute seule, quand tu rentres de tes voyages, tu es trop épuisé pour faire attention à moi, tu attaches plus d’importance à tes clients qu’à ta propre famille !
- Et cela te donnait le droit de me tromper ?! rugit Anthony avec un air mauvais.
- Je suis désolée, Anthony, tellement désolée, pleurnicha la jeune femme, tremblante.
- Qui était-ce ?
- T-tu ne le connais pas.
- Qui était-ce, Lysa ?!
- I-il s’appelait Ray, il est parti je ne sais où, après que je lui ait annoncé que…
- Que tu étais enceinte de lui, acheva Anthony d’un air dur.
- Je suis tellement désolée, Anthony, tellement désolée ! répéta Lysa encore une fois, tortillant nerveusement ses doigts.
- Ca suffit, je ne veux plus t’entendre. Pour l’avenir de Jonathan, je veux que tu redeviennes celle que tu étais avant. Je veux que tu restes ici. Tu auras cet enfant. Ce bâtard. Mais je te préviens, ne t’attends pas à un seul geste tendre de ma part. Et si tu me trompes à nouveau, Lysa, je te mets dehors.
- D-d’accord. O-oui, j-je serais une bonne épouse, je…
- Maintenant tais-toi, et sors d’ici.
- Oui, Anthony. »
****
« Quay ! s’exclama Lysa du haut des escaliers.
- Oui m’man ? demanda le petit garçon alors à peine âgé de deux ans.
- Viens dire bonjour à ton père. Toi aussi, Jonathan.
Quay descendit les escaliers lentement, pour ne pas trébucher et tomber, comme cela lui était si souvent arrivé lorsqu’il allait trop vite. Une fois en bas, il alla dans le salon, où Anthony, assis sur le canapé, ébouriffait les cheveux de Jonathan avec un grand sourire.
- Bonjour papa ! s’exclama le garçon en souriant, s’approchant de lui. Anthony posa alors un regard glacial sur lui, et se leva. Il alla vers Qui et le gifla. La violence du coup fit tomber le garçon sur les fesses durement.
- Je ne suis pas ton père ! Tu n’as pas de père ! Stupide bâtard ! cria-t-il avant de quitter la pièce. Les yeux de Quay s’emplirent de larmes, sa joue meurtrie lui faisait terriblement mal. Il se mit à pleurer, tandis que son grand frère lui jetait un regard dur et froid.
- Tu as mis papa en colère ! T’es vraiment trop bête ! Il est fatigué, et toi, tu l’embêtes ! T’es qu’un abruti !
Les pleurs de Qui redoublèrent, tandis que sa mère le prenait dans ses bras pour le consoler, envoyant Jonathan dans sa chambre avec un air mauvais.
- Ssshhht, allez, mon chéri, calme-toi, murmura Lysa en le berçant doucement.
- M-maman… j-je veux pas L’embêter… M-mais Il…
- Arrête de pleurer, Qu ay, s’il te plaît, sinon, ton père va se fâcher.
- C’est pas mon papa… Il veut pas… Il a dit qu’Il voulait pas… pleurnicha le petit garçon. Lysa se mordit la lèvre et emmena son fils dans sa chambre. Elle ne tarda pas à sortir, Quay s’étant endormis. Là, au pas de la porte, elle eut droit au regard le plus froid et dur d’Anthony.
- Quoi ?
- Depuis quand tu envoie notre fils – MON fils – dans sa chambre parce qu’il a été « méchant » avec ce sale bâtard ?
- Anthony ! Arrête de parler ainsi ! Je ne te permets pas de parler ainsi de mon enfant !
- Ton enfant… ? Non, Lysa, ton enfant, c’est Jonathan. L’autre n’est qu’un sale bâtard.
- Appelle-le par son nom, Anthony ! Ce n’est pas une chose, mais un être humain ! s’exclama la jeune femme avant de recevoir une gifle qui la laissa totalement estomaquée.
- Tu préfèrerais sûrement que je te mette dehors, avec ton enfant, Lysa ?
- N-non, murmura-t-elle en baissant les yeux, soumise. J-je suis désolée.
- Maman… appela le petit Jonathan en sortant de sa chambre. Je ne suis plus puni ?
- Je…
- Non, Jonha’, tu n’es plus punis, tu peux sortir de ta chambre, répondit Anthony avant de retourner dans son bureau.
- Maman ? murmura le petit garçon en voyant sa mère pleurer. Maman, ça va ?
- Oui, mon chéri, ça va. Tu veux bien me laisser seule, s’il te plaît ?
- Oui maman. »
Lysa était une femme faible, sans caractère ni convictions. Elle laissait son mari décider à sa place, comme elle l’avait toujours fait. Rapidement désireuse d’attirer les bonnes faveurs de son époux, elle se mit elle aussi à repousser Quay pour favoriser Jonathan. Elle laissait son fils cadet derrière elle, ne le regardait plus. Allant même jusqu’à le gifler pour un rien, comme le faisait si souvent Anthony. Après tout, c’était de sa faute, si son mari la détestait. Si elle n’était pas tombée enceinte de Ray, son époux n’aurait jamais appris qu’elle l’avait trompé. Alors c’était de la faute de cet enfant, tout cela, il ne méritait que son dégoût, non ?
Quay se retrouvait très souvent couvert d’égratignures, d’hématomes. Son père se noyait dans l’alcool, essayant d’échapper à des problèmes d’argents qui venaient de faire leur apparition. Tous les soirs, ou presque, il était saoule, et dans ces cas là, il se déchaînait sur Qui, alors âgé de six ou sept ans. Un jour, le petit garçon se retrouva à l’hôpital, le bras fracturé. Trop terrifié par l’idée de se faire punir par son père s’il disait la vérité, il approuva lorsque ce dernier raconta que son fils adoré était tombé dans les escaliers en trébuchant sur l’un de ses jouets.
« Quay, t’es vraiment trop débile ! se moqua Jonathan avec un sourire cruel.
- Laisse-moi tranquille, répliqua le garçon avant de se concentrer. Cela faisait dix minutes qu’il essayait de faire voler le livre qu’il avait en face de lui, sans succès. Et cela l’énervait vraiment. Sa mère y arrivait sans difficultés, et Jonathan se débrouillait très bien lui aussi. Pourquoi pas lui ?
- Tu es trop trop trop trop stupide ! chantonna son grand frère en tournant autour de lui, comme un vautour. Maman et papa ne le savent pas, mais moi je sais tout !
- Tais-toi ! s’exclama Quay en fronçant les sourcils.
- Je t’ai entendu parler avec une couleuvre dans le jardin, ce matin. Tu es un Fourchelangue, Quay ! ! Diiis, tu crois qu’il va te casser un bras ou une jambe, cette fois-ci ?
Qui se mordit durement la lèvre, puis se tourna vers son grand frère, le regard suppliant.
- Ne lui dis rien, s’il te plaît, Jonathan !
- Et pourquoi est-ce que je ne lui dirais pas les bêtises que fait mon petit frère adoré ? Tu sais bien ce que papa a dit. Il faut qu’il te punisse pour que tu deviennes une bonne personne. Moi je suis né bon, mais toi, toi, Quay, tu es une erreur. Alors il faut te rendre meilleur, tu comprends ?
- T’es fou, Jonathan ! Comme papa ! s’exclama le garçon, les larmes aux yeux. J-je ne suis pas une erreur !
- Fou ? C’est comme ça que tu traites ton grand frère, Quay ? D’accord ! Papaaaa !
- Non, je t’en prie, ne dis rien ! s’écria Qui, avant de saisir le bras de Jonathan.
- Qu’est-ce qu’il y a ? grogna Anthony en entrant dans la pièce. Jonathan se précipita alors vers son père, de grosses larmes de crocodile aux yeux. Il faisait semblant, encore une fois.
- Papa ! Quay m’a frappé ! Tout ça parce que j’ai découvert qu’il était Fourchelangue !
- F-Fourchelangue ?
- J-je… Mais… Ce n’est pas vrai ! Je n’ai pas frappé Jonathan !
- Et en plus, il ment ! Papa, tu devrais le punir !
Quay voulu répliquer, se défendre, mais déjà, son père l’empoignait par les cheveux pour le tirer hors de sa chambre, vers son bureau. Sachant très bien ce que cela annonçait, le garçon se débattit, sans succès. Anthony ferma le bureau à clé.
- Papa… implora Quay d’une voix faible.
- Je ne suis pas ton père ! s’écria-t-il avant de le gifler violemment.
- Arrête ! »
Oui, Quay était Fourchelangue. La vérité, c’était que son véritable père, Ray, l’était aussi. Il avait donc transmit son « don » à son fils.
Le jeune garçon fut soulagé lorsque sa mère l’envoya à Oniris pour y faire ses études. Anthony ne s’y opposa pas. En effet, le père de Quay était un Moldu, Jonathan avait donc l’immense honneur d’être un Sang-Mêlé. C’était la seule fierté de Quay : son véritable père était de Sang-Pur, ainsi que sa mère, alors lui aussi. Il en était terriblement fier, mais il ne le montrait pas, car il ne voulait pas que son père brise une fois de plus ses espoirs de devenir quelqu’un de bien. Quelqu’un tout court.
Quay fit donc ses études à Oniris, où l’on remarqua rapidement qu’il avait un talent pour les potions. En effet, depuis tout petit, il s’intéressait aux Poisons et à leurs antidotes. Cela le fascinait. Ses résultats étaient excellents, et il s’était bien vite habitué au monde des Sorciers. C’était bien simple : il ne voulait plus retourner chez lui. C’est à Oniris que Quay se fit son premier ami : Sihen Torn. C’était un Vampire, et Quay finit par le découvrir, en manquant de se faire mordre par un Sihen enragé en manque de sang. Dès lors, il commença à préparer une potion Faux Sang chaque jour pour son meilleur ami. Rapidement, un lien unique, et différent de celui qu’un jeune garçon entretenait avec son meilleur ami, se tissa entre eux.
« Quay, si t’arrêtes pas tes conneries, tu vas faire perdre des points à Azurard ! s’exclama Sihen en fronçant les sourcils avant de sortir de la salle de cours.
- Quoi ? Il avait tort, je n’allais pas le laisser s’enfoncer dans sa connerie !
- Bon, d’accord, je ne vais pas insister.
- Merci.
Sihen sourit et ébouriffa les cheveux blonds de son ami. Contrairement à lui, ses cheveux étaient noirs, ils lui arrivaient à la taille, il était donc obligé de les attacher en queue de cheval. Ses yeux étaient verts, et il dépassait Quay d’une bonne tête, étant donné que le jeune Fourchelangue était assez petit, n’ayant pas achevé sa croissance. Ils sortirent dans le par cet se mirent assis sur un banc, comme à leur habitude. Et une fois de plus, Quay s’allongea, posant sa tête sur les genoux de Sihen qui commença à caresser ses cheveux avec douceur.
- Tu pourras m’aider pour le devoir d’Enchantement ? demanda Qui en étouffant un bâillement.
- Si tu m’aides en Potions.
Quay sourit et approuva d’un petit signe de tête.
- Dis… quand on aura finit nos études… tu me promets qu’on sera toujours ensemble ?
- Bien sûr, Quay, pourquoi veux-tu qu’il en soit autrement ?
- Je ne veux pas retourner chez eux… J’ai encore mal, des fois.
- Tes cicatrices ?
- Oui. J’ai parfois l’impression qu’elles me brûlent. Comme si… il était là, et qu’il recommençait à me frapper.
Le blond se mit à trembler, Sihen le serra contre lui, avec tendresse, et déposa un baiser sur son front.
- Il ne te touchera plus, je te le promets.
- J-je… je t’aime bien, Sihen, murmura Quay en rougissant, ce qui fit sourire son ami. Sihen se pencha et l’embrassa.
- Je t’aime tout court, blondinet. »
Sihen avait deux ans de plus que Quay, dès qu’il eut finit ses études à Oniris, il acheta un Manoir immense, avec l’argent que ses parents lui avaient laissé. Quay emménagea chez lui, pour le plus grand bonheur de son « père ». Qui était toujours aussi bon en Potions, il devenait évident que sa carrière se jouerait là-dedans.
Jonathan devint un Cadavaire. De toute façon, une âme aussi noire que la sienne était difficilement trouvable, et il était certain qu’il tournerait mal. Cela ne faisait absolument rien à Quay. Il se fichait de son frère comme de sa dernière chaussette. Il vivait un véritable rêve avec Sihen, mais bientôt, la dure réalité s’imposa à lui et le réveilla en sursaut.
« Sihen ! Je suis rentré ! Sihen ?
Quay fronça les sourcils. Il n’était pas à la maison ? C’était étrange, d’habitude, il était rentré depuis longtemps à cette heure-ci. Le blond posa sa veste sur le portemanteau et referma la lourde porte derrière lui. Il prit la direction du salon. Ce qu’il vit le glaça d’effrois.
- S-Sihen ? Sihen ! SIHEN ! s’écria-t-il avant de se précipiter vers son amant qui était étendu sur le sol, dans une flaque de sang. Un pieu dépassait de son corps, planté dans son cœur. Il agonisait.
- Q-Quay… Quay… J-je…
- Sihen, qui t’as fait ça ? sanglota le jeune homme. Qui ?!
- Méfie-toi… méfie-toi… des Cadavaires… N-ne… leur fait j-jamais… con… confiance.
- Qu’est-ce que tu racontes, Sihen ?!
- Espion… j’étais… un espion… des Sphinx… je me… f-faisais passer pour un Cadavaire… m-mais Jona… Jonathan… l’a découvert.
- C’est lui ? C’est lui qui t’as fait ça ?!
- Promet moi… promet moi… de ne pas… essayer de te venger… il te tuerait.
- Mais je…
- Promets !
- Je te le promets.
- Je t’aime, Quay… Je v-veux… je veux…
- Sihen ? Sihen ? SIHEEEN ! »
Après la mort de son amant, Quay devint un homme triste, refermé sur lui-même, et terriblement froid. Une carapace impénétrable et incassable l’entourait, le rendant inaccessible. Il finit ses études en beauté, se noyant dans le travail pour ne pas penser à autre chose. Ses diplômes en poche, il voyagea un peu partout dans le monde, pour oublier, et pour parfaire sa collection de poisons. Il voyagea pendant plusieurs années, et finit par revenir en Angleterre. Le Manoir de Sihen était à lui, il n’avait donc pas besoin de se trouver une autre demeure, et n’en voulait pas d’autre que celle-ci.
Il postula pour devenir professeur de Potions à Oniris, poste qu’on lui donna sans la moindre hésitation…
(Longueur oblige, j'ai dû faire un double poste.)